La création de l’objet miroir remonte à la nuit des temps, et pourtant de toutes les matières, le miroir est celui qui est aujourd’hui toujours aussi choyé et utilisé. Surfaces incroyables et modernes que les artistes, designers et architectes ont su dompter, les surfaces réfléchissantes nous entourent plus qu’il n’y paraît. Reflexion sur une certaine actualité…
Même en matière de design, les surfaces réfléchissantes comportent toujours une forte connotation symbolique. Probablement parce qu’elles nous amènent à voir la vérité, sans défauts ni déformations, la vérité pure et les choses telles qu’elles sont.
Surplombées d’un granite bleu du Brésil, la collection de tables Azul Bahia de Tino Seubert – exposées à la Galerie Bensimon – nous plongent dans un univers onirique où il devient finalement tout à fait facile de s’imaginer une mer d’un bleu profond, et dont la surface devenue spéculaire nous éblouie grâce au soleil.
Ces derniers temps lors des manifestations en vue, on a pu apprécier des travaux de designers qui se sont servis d’une surface réfléchissante afin de donner du cran, de la profondeur, et une dimension peut-être un peu mystique à des objets et mobilier du quotidien.
Ainsi, Sight Unseen Offsite 2017 présente actuellement à New York une série de Crosby Studios, où un fauteuil aux lignes épurées et à la finesse improbable est mis en scène par une étagère et une suspension faits du même appareil. Un peu plus loin, on se trouve nez-à-nez avec les meubles-objets de Slash Objects, qui a pris l’habitude de jouer avec le laiton poli afin de créer un mobilier presque intouchable, magique. On retrouve également avec plaisir cette dimension magique et sacrée dans les objets présentés par Leah Ring pour sa propre marque Another Human, où le minéral brut rencontre le minéral façonné par l’Homme, n’est ce pas là le meilleur signe scientifique et artistique de notre évolution?
Il y a également ceux qui créent l’effet de surprise, en laissant apparaître un reflet là où on ne l’attendait pas. La Maison Gerard expose actuellement une étrange table morcelée, Based Upon, à l’occasion du Collective Design Fair, que l’on imagine s’être fendue naturellement, et dont la surface craquelée laisse entrevoir un intérieur où l’on se voit. A la manière d’une pépite d’or, brute en dehors, précieuse en dedans.
A l’inverse, on se souvient également du travail incroyable de Jiyoun Kim, dont les tabourets-miroirs inattendus donnent l’impression de vouloir être cachés, comme une erreur ou un matériau qui ne voudrait pas prendre la couleur… Le miroir est roi.
Puis il y a le jeu, celui qui permet aux surfaces réfléchissantes de se fondre, de se déguiser, d’apparaître autre. Le travail de la photographe Kate Jackling est incroyable, et nous laisse le soin d’intreprêter la reflexion comme bon nous semble: réplique exacte ou réalité inversée?
De la même manière, on salue la collection Laurent de Lambert & Fils, dont les suspensions graphiques ont reçu le don de dissimulation. Telle un caméléon, la lampe 02 utilise la réverbération des couleurs comme ruse afin de s’imprégner de l’environnement qui l’entoure…
Enfin, en architecture aussi on assiste à un sévère intérêt pour le monde de psyché, où l’objet miroir devient matériau de construction du futur et possible évolution de notre habitat. Héritiers de l’audace de Frank Gehry en terme de reflexion sur une surface large, les architectes vont désormais plus loin. Poussant le miroir à exister en tant que structure, ces constructions sont des rétroviseurs avec vue sur la planète.
Avec élégance et distortion souhaité, le « mirage » de Doug Aitken vient perturber notre perception de l’espace, et stoppe la dimension infini du désert du côté chaud, quand le sauna ovoïdal à facettes de Bigert & Bergström est un vrai bijou de savoir-faire et d’inventivité du côté froid.
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M E R C I
Sources: DesignBoom, Zeutch, Muuuz
Couverture: Crosby Studios, Sight Unseen Offsite 2017