AD Intérieurs 2019: Rêve italien et Néo-classicisme architectural

Inaugurée cette année pour la dixième année consécutive, l’édition AD Intérieurs 2019 présente jusqu’au 22 septembre des décors d’architectes d’intérieur et décorateurs auxquels des plateaux bruts de l’hôtel de Coulanges ont été confiés. Chacun y a créé un écrin sophistiqué en accord avec son style et ses aspirations, et beaucoup se sont inspirés de temps et d’architectures du passé comme l’époque néo-classique, l’Antiquité et les villas palladiennes. Visite et décryptage de ces univers éphémères…

La salle de bain néo-classique de Humbert & Poyet

Commençons tout d’abord par présenter le projet qui nous a littéralement estomaqué, celui du duo d’architectes d’intérieur Humbert & Poyet. En effet, les protagonistes ont offert à nos yeux un espace exclusif, gorgé de références architecturales et de clins d’oeil aux savoir-faire ancestraux. Leur salle de bain est étonnament chaleureuse et lumineuse, jouant entre les codes des villas palladiennes aux hauts plafonds, colonnades et arches ouvragées, et également une forte empreinte de modernité et de couleurs et matériaux liés aux tendances actuelles. Comme par exemple le mélange de tonalités chaudes et froides, et la présence éminente du marbre et du laiton.

AD Intérieurs 2019, Humbert & Poyet, La salle de bain néo-classique

Main dans la main avec leurs artisans fétiches et souhaitant avidement renouveler les arts décoratifs dans leur globalité, Humbert & Poyet sont de la génération de designers aptes à s’inspirer de l’avant comme de l’actuel. Leur style est imprégné d’une rigueur à toute épreuve, ici à AD Intérieurs 2019, il est marqué par la symétrie parfaite du décor, ainsi qu’une créativité fine et sophistiquée, ayant même la capacité de créer une architecture dans l’architecture, représentée par la présence de cet espace de douche sculptural et grandiose, véritable objet de convoitise à lui-seul. Pari réussi pour le duo de décorateurs, qui métamorphosent l’idée que l’on peut avoir d’une salle de bain et de sa capacité, qui sait, à traverser le temps.

L’atmosphère AD Intérieurs 2019 / Nos intérieurs favoris

Lorsque l’on commence à s’engouffrer dans le premier univers et les suivants présents à AD Intérieurs 2019, il est naturel que certains styles et façons d’avoir travaillé l’espace vous attirent plus que d’autres. Pourtant, la transition entre chaque espace et le passage d’un monde de décorateur à un autre se fait quant à lui, d’une manière extrêmement fluide et simple. Comme si l’air de rien, les protagonistes exposants leurs styles s’étaient donné le mot concernant une certaine cohérence dans le rendu général. Résultat: des décors élégants, à la hauteur des plus beaux chantiers qu’il est possible de réaliser à Paris.

Ce qui nous a particulièrement intéressé, ce sont ces références communes mais sous-jacentes que l’on constate comme fil directeur entre tous les décorateurs. Des influences parfois non-dites et à peine suggérées, qui pourtant font leur effet. Ainsi, nous avons été imprégnés d’une forte empreinte italienne, toutes époques confondues. Et si par exemple, Hannes Peer a fait le choix d’une cohabitation pointue entre fresque Antique et brutalisme pour l’agencement de sa galerie italienne, Thierry Lemaire s’est quant à lui davantage basé sur une ambiance années 70 mais sévèrement influencée par les intérieurs milanais des années 50.

Hannes Peer, La galerie italienne

Thierry Lemaire, La chambre de réflexions

Chez Anne-Sophie Pailleret, se sont les nuances Terre de Sienne qui enveloppent son espace aux influences surréalistes, dont les arches sont un clin d’oeil au travail de De Chirico. Accolé à cet univers se trouvait celui de Festen, ramenant au coeur du sujet un cabinet de toilette dont l’inspiration se trouve quelquepart entre Orient et Occident…

AD Intérieurs 2019, Anne-Sophie Pailleret

Enfin, certains ont fait le choix d’une relecture de références de style bien connues et qui ont influencées, par exemple, le XVXème siècle. Ainsi, nous avons apprécié le travail de Pierre Gonalons et son jardin d’hiver, pour ce qu’il a apporté de fraîcheur mais aussi de contemporanéité à l’exposition toute entière. La pergola estivale, espace hybride de Laura Gonzalez est lui aussi à mi-chemin entre plusieurs influences, un écrin sophistiqué qui cohabitent étonnamment bien avec des matières brutes.