Robert Stadler est le genre de designer qui en dépit d’un parcours sans fautes dans les meilleures institutions du design (IED/Milan, ENSCI/Les Ateliers, Paris), a su sortir des sentiers battus et créer son propre style, qui lui a d’ailleurs permis de travailler pour des domaines très différents. Découvrez ce designer/artiste que rien n’arrête ainsi qu’une sélection de ses travaux.
DÉTOURNEMENT D’OBJETS OU L’ABSURDE MAÎTRISÉ
Ce qu’il y a de bien chez Robert Stadler, c’est qu’il sait en quelques sortes extirper nos pensées et les convertir en idées matérielles, trouver une nouvelle fonction à un matériau ou encore une nouvelle forme à une fonction. Car là est le véritable génie: trouver l’inspiration où personne d’autre n’y a songé. C’est ce qui fait que les objets du designer sont particulièrement remarquables, emprunts de surréalisme, ils jouent les équilibristes sur la fine corde qui sépare art et design, avec des qualités assurément visuelles mais qui surtout, renouvellent le genre.
Avec le mobile #mood, il explore la façon dont notre esprit diverge, divague et change de cap toutes les minutes face à l’immensité du web…
Avec Apart à gauche, R.S suggère l’invisible. Quoi de plus élémentaire que de positionner un tabouret contre un mur afin qu’il devienne chaise? Le geste est simple et pourtant tourne en dérision notre appétit pour des objets répondant à chaque besoin. Ce tabouret est loin d’être absurde, même plutôt génial.
Le fauteuil Royeroïd est lui est un hommage à l’architecte d’intérieur français Jean Royère et son fauteuil Ours Polaire. Robert Stadler l’a retravaillé comme s’il était enveloppé d’un maillage qui prendrait sa forme exacte. Ce nouvel habit lui permet de traverser le temps et de mieux s’acclimater à notre époque. C’est également un beau clin d’oeil au style Chesterfield, version Stadler.
En 2014, le designer travaille le tissu phare de Kvadrat, Divina, avec l’intention de créer quelque chose qui reflèterait la qualité intrinsèque du textile: sa souplesse, ses plis, cette matière malléable qui serait figée sur ce qu’elle sait faire de mieux. Vous l’aurez compris, R.S sait comment attirer notre attention. En reçyclant un matériau composite entre marbre et aluminium conçu spécialement pour les façades de bâtiments – à droite, série Cut Paste – il suggère la disparition de l’architecture et de ce qu’on fera de ce qui reste après qu’elle ait été détruite.
DES SCÉNOGRAPHIES SANS CONCESSIONS
En ce qui concerne la scénographie, il s’agit pour le designer de brouiller les pistes. Exposition d’art, atelier de création ou mise en scène, à la manière de Marcel Duchamp il questionne le statut de l’objet et si celui-ci peut changer en fonction de la façon dont il se présente à nous. Est-ce qu’une chaise mise sous verre trouvera à vos yeux le statut d’oeuvre d’art? Telle est la question.
Ses espaces d’expositions sont graphiques mais pas seulement. On y retrouve une parfaite analyse millimétrée de l’espace afin d’en tirer le meilleur et d’utiliser ses défauts. Ainsi, lorsque la ville de Vienne lui offre la possibilité d’une installation dans la reconstitution de l’appartement d’Adolf Loos, il exagère la situation de cet ancien lieu de vie transformé en souvenir pour attirer l’attention.
A gauche, lors de l’exposition 1000 jours – en hommage à trois années de travail pour la célèbrissime Carpenters Workshop Gallery – R.S compose avec ses différents travaux et qui n’ont pourtant rien à voir les uns avec les autres. Malgré tout, sa capacité à inventer et à créer de la poésie n’importe où prend là encore le dessus.
Créer l’évènement à partir de pas grand chose? Robert Stadler sait faire. A droite, dans une ancienne maison de style Empire de Vienne, il exprime cette notion du passé et de ce lieu resté figé il y a des décennies avec ce qu’il trouve sur place – les sols – qui sont reproduits sous forme de draps recouvrant meubles et cheminées, signifiant l’abandon.
L’exposition l’Usage des Formes est l’occasion pour Robert Stadler de mettre en avant un sujet cher aux designers et à tout créateur en général: le lien entre l’Homme et son outil. Grâce à la collaboration de cinq artisans, il imagine des pièces uniques afin de démontrer à quel point la maîtrise de l’outil va de pair avec l’ingéniosité, en créant par exemple un rideau en cuir et un papier-peint thermique…
Enfin, ce designer qui détourne si facilement chaque objet en absurdité est également grandement capable d’en créer. Pour l’exposition de 2014 à la galerie Poirel de Nancy, R.S laisse libre cours à son imagination en créant « l’irreconnaissable » ou encore une fois, une série d’objet à mi-chemin entre design, art, mobilier et autres objets du registre de l’étrange.
Si vous êtes séduits, sachez que depuis peu vous pouvez vous offrir certaines pièces du designer via sa toute nouvelle boutique en ligne The Whatness, dont notamment:
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M E R C I
Couverture: intramuros