L’Atelier Biagetti – formé par Alberto Biagetti et Laura Baldassari – est à mi-chemin entre un studio de designers, un duo de réalisateurs et des chercheurs dans le domaine de la perception. Leur approche du design sous forme de scénographie, a précédemment été mise en lumière au salon de Milan 2016 par Maria Cristina Didero, et ils seront également à l’honneur au salon Design Miami ce mois-ci. Partons à la découverte de leur univers surprenant, telle une exposition d’art contemporain nous ouvrant ses portes…

Atelier Biagetti : NO SEX,

le design scénographié

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OBSESSION HUMAINE

Alberto Biagetti et Laura Baldassari sont passionnés par les réactions et les perceptions que chaque être humain peut avoir d’une idée ou d’un sentiment. Leur travail est généralement la synthèse des sensations du corps, de l’imagination de l’esprit et de la réalité physique d’un évènement ou d’un état. Ces designers/chercheurs/artistes avec leur nouvelle oeuvre NO SEX, nous emmènent pour expérimenter le design en le plaçant dans un contexte nouveau, plus humain, plutôt qu’un simple « j’aime/j’aime pas ».

NO SEX, c’est également le constat des tendances d’une société. L’Atelier Biagetti nous pousse à nous poser la question de l’accès au sexe, mettant en concurrence notre morale, nos sens et nos sensations face à une esthétique quasi-médicale qui suscite et l’angoisse, et la curiosité.

Et si cette univers nous inspire la confrontation psychologique, il est aussi indéniable qu’on a là une réinterprétation du cabinet de Sigmund Freud – méridienne, tabouret, matérial médical, etc – ce lieu destiné à confier ses peurs et à trouver une sorte d’apaisement, fait également naître de nouvelle sensations – peut-être de nouveaux désirs? – et tente de redéfinir le sexy et la source même de l’excitation chez l’Homme.

DÉCOR DE CINEMA

Chaque projet né de l’esprit de l’Atelier Biagetti est une histoire à part entière. Tel le plateau d’un court métrage, leurs objets et mobiliers prennent tout leur sens en étant placé avec soin, tenant leur rôle de pièces maîtresses en attendant l’entrée en scène des acteurs.

« We aim to design objetcs that catalyze actions around them – to provoke life »,

Alberto Biagetti et Laura Baldassari

En effet, NO SEX nous raconte une histoire et fait de nous ses acteurs. La puissance du champ lexical employé et l’aspect narratif de ces objets qui dans notre insconscient ont une signification claire – bien que tout le monde n’ait pas forcément consulté un professionnel pour soigner ces maux psychologiques – font que c’est notre imagination qui entre en jeu. On se projette, on invente nous-même notre propre scénario que cette mis en scène nous chuchotte.

Un peu comme le deuxième volet d’une saga, la suite logique du projet BODY BUILDING a pour objectif de transformer la perception de ce qui nous entoure, modeler le réel pour nous emmener vers le rêve et le fantasme, uniquement à partir d’objets et de suggestions, tant par les mots que par les formes.

DESIGN

Chaque pièce constituant cette scénographie a été imaginée avec un grand souci du détail. Le travail du cuir, très présent, a été réalisé par les meilleurs artisans d’Italie. On pourra donc noter que chaque pièce a été façonnée de manière à susciter une sensation, ou plutôt des sensations étant donné qu’elles seront sûrement différentes pour tout le monde. Le cuir pour le rappel à la peau et le registre de l’organique, le cuivre pour l’aspect clinquant et moderne, au fur et à mesure de notre voyage dans l’univers de l’Atelier Biagetti, nous sommes tour à tour sujets à l’humour, la sensualité, la gêne, le sexy, la fascination.

Mais en plus de nous soumettre une esthétique travaillée et particulière, le duo italien a réussi à faire en sorte que du mobilier soit à même de nous procurer autant de sensations qu’une oeuvre d’art ou un morceau de musique. Leurs objets nous donnent des frissons et réveillent en nous un tout nouvel intérêt pour le design, celui de la perception. Celui qui en a fini avec cette version qui consisterait à flatter uniquement le beau, mais bien celui qui va plus loin, suscitant l’aptitude de pouvoir s’imiscer dans cette scène et de s’y voir. Un réel travail de réalisateur qui nous permet de nous identifier à une situation, peut-être même à un objet.