À Anvers, le cabinet d’avocats Schoups réinvente son image à travers une rénovation audacieuse signée ono architectuur. Entre béton brut, rideaux graphiques et mobilier Thonet, un univers à la fois rigoureux et accueillant.
Une relecture radicale mais sensible d’un bâtiment des années 60
Sur le Mechelsesteenweg, au cœur d’Anvers, le bâtiment qui abrite aujourd’hui le cabinet Schoups ne passe pas inaperçu. Façade en briques rouges, piliers massifs en béton, volumes cubiques : l’édifice construit dans les années 1960 affiche une esthétique brutaliste qui tranche avec l’homogénéité de son environnement urbain. Longtemps inchangé, il a fait l’objet en 2023 d’une rénovation complète menée par l’agence belge ono architectuur, avec un parti pris clair : révéler au lieu de camoufler.
À l’intérieur, les structures porteuses en béton ont été laissées visibles, les plafonds décapés, et les matériaux d’origine valorisés. L’ensemble assume une certaine rugosité, contrebalancée par une attention nouvelle portée à la lumière, à la couleur et aux circulations. Les sols en carrelage rouge et moquette reprennent les tons de la brique extérieure, instaurant un lien subtil entre dedans et dehors.
Modularité textile et couleurs franches pour un lieu en mouvement
Si l’ambiance générale évoque celle d’un bâtiment industriel, l’usage du textile transforme radicalement la perception de l’espace. Les salles sont séparées non pas par de simples cloisons, mais par de grandes baies vitrées accompagnées de rideaux colorés. Ces tissus graphiques, vibrants, presque ludiques, introduisent une respiration visuelle dans cet univers orthogonal.
Ils ne sont pas décoratifs mais fonctionnels. En jouant avec l’opacité ou la transparence, ils permettent de moduler les usages et les ambiances. Une salle de réunion peut s’ouvrir ou se fermer, un espace d’accueil devenir plus intime ou plus solennel. C’est toute une esthétique de la flexibilité qui s’invite dans un cadre professionnel, souvent associé à des codes plus rigides.
Du mobilier moderniste pour incarner l’élégance du fonctionnel
Pour équiper les différents espaces, les architectes ont choisi plusieurs modèles emblématiques de la maison allemande Thonet, en résonance avec l’esprit Bauhaus du lieu. Dans le grand foyer central, les tables B 9 et B 20, aux lignes épurées et aux piétements en acier tubulaire chromé, côtoient des fauteuils aux assises généreusement capitonnées dans un velours vert profond, oscillant entre confort domestique et rigueur formelle.
Dans les salles de réunion, les chaises S 64 et S 43, toutes deux conçues à l’origine par Marcel Breuer et Mart Stamn, déclinent l’idée du confort moderniste : dossier et assise garnis pour l’une, structures cantilever pour l’autre. Le choix de revêtements en tissu cobalt ou en bois courbé teinté brun foncé crée une tension visuelle intéressante avec les cadres en chrome poli.
À l’étage, on retrouve également le fauteuil S 35 L en cuir brun chocolat, clin d’œil à l’histoire du design sans renier les exigences d’un espace de travail contemporain.
Une élégance discrète qui redéfinit le bureau juridique
Loin d’une esthétique ostentatoire ou d’un effet de mode, ce projet offre une lecture apaisée de la modernité, faite de contrastes assumés et de détails justes. Le béton dialogue avec le textile, le chrome avec la moquette, la lumière naturelle avec les modules en bois clair.
Le résultat n’est ni un pastiche industriel, ni un showroom design, mais un véritable lieu de travail réinventé : accueillant sans être familier, sobre sans être froid, modulable sans être désincarné. Un espace où l’on peut autant défendre un dossier juridique qu’organiser une réunion stratégique ou lire au calme entre deux échanges.