Dans un monde saturé de notifications, d’échanges constants et de lumières artificielles, deux jeunes designers belges ont osé faire l’inverse. Leur chaise Shanti se referme sur l’utilisateur comme une fleur, offrant un abri intime au cœur de l’agitation. Ni capsule high-tech ni gadget de start-up : un objet à la fois sculptural et profondément humain, pensé pour les bureaux, les hôtels, les lieux de passage. Un espace dans l’espace. Un geste fort pour repenser le bien-être au travail, entre introspection, esthétique et sobriété.
Repenser le calme dans un monde bruyant
La chaise Shanti n’est pas un simple siège. Elle est une réponse — radicale, poétique — à un monde qui ne laisse plus de place à l’introspection. Dans les bureaux, les open spaces ou les espaces publics, les sollicitations sont permanentes. Le bruit, la lumière, la pression des interactions sont devenus des normes silencieuses. Et pourtant, le besoin d’isolement n’a jamais été aussi fort. C’est précisément ce que propose Inner Design, jeune marque belge née d’un croisement inattendu entre l’effervescence de New York et le silence d’un ashram indien.
Au cœur du projet, deux fondateurs : Quentin Taymans, ingénieur passionné de design, et Diego, spécialiste de l’hôtellerie. Leur ambition : réintroduire du sens dans le mobilier contemporain. Shanti est leur manifeste. Un meuble qui protège, recentre, ralentit. Ni technologie invasive ni promesse de productivité. Seulement un espace — personnel, esthétique, presque sacré — pour se retrouver, quelques minutes, en dehors du flux.
Une gestuelle inspirée de la méditation
Le geste est doux, presque cérémonial. On s’assoit, puis on referme les pans textiles autour de soi. La lumière filtrée dessine un halo feutré, et le monde extérieur se dissout. Ici, pas d’écran, pas de signal. Seulement une posture de repos, un volume généreux qui enveloppe sans enfermer, et une sensation rare : celle de se sentir enfin seul, mais jamais isolé.
Pensée comme une sculpture habitable, Shanti trouve sa force dans la simplicité. Inspirée à la fois par les cocons végétaux et les pods de relaxation découverts dans les bureaux de grandes marques de luxe, elle se libère de toute superficialité technologique. Le résultat : une pièce de design qui se déploie comme une fleur et qui se referme comme une pensée.
Le design comme refuge
Signée Joachim Froment, designer belge reconnu pour son approche fonctionnelle et poétique, Shanti s’inscrit dans une lignée d’objets qui ne cherchent pas à en imposer, mais à inviter. Le bois massif provient de forêts européennes certifiées, les tissus sont recyclés, les lignes tendues et douces rappellent l’artisanat autant que la modernité scandinave.
Au-delà de l’objet, c’est une expérience sensorielle qui est proposée. Les matériaux sont chaleureux, les proportions étudiées pour accueillir différentes postures, de la méditation assise au repli rapide entre deux réunions. Une lumière intégrée, subtile, permet même de lire, écrire ou simplement fermer les yeux dans une ambiance tamisée.
Une icône émergente du bureau post-covid
Depuis sa présentation lors de la mission économique belge à Oslo en 2024, en présence de la princesse Astrid, la chaise Shanti ne cesse d’attirer l’attention. Elle s’est installée dans des hôtels de luxe, des halls d’accueil, des espaces de coworking et même au Palais Royal. Mais c’est surtout dans les bureaux, en quête de nouveaux repères, qu’elle trouve sa pleine résonance.
Alors que les entreprises réinventent leur rapport à l’espace, entre télétravail, flex office et bien-être des collaborateurs, Shanti incarne une nouvelle approche. Celle d’un bureau qui protège au lieu d’exposer, qui apaise au lieu de stimuler, qui invite à la pause comme à la concentration.
Une vision belge du design engagé
Entièrement fabriquée en Belgique, avec une structure produite à Braine-l’Alleud, une assise à Courtrai et un assemblage à Herentals, la chaise Shanti illustre aussi la vitalité du design belge. Soutenu par les écosystèmes locaux (hub.brussels, MAD, Flanders DC…), Inner Design montre qu’il est possible de conjuguer exigence esthétique, production responsable et ambition internationale.
Le défi n’est pas mince. Avec un prix ajusté selon les options de personnalisation, une fabrication artisanale et un positionnement premium, Shanti ne cherche pas à conquérir tous les bureaux. Mais elle pourrait bien devenir, pour ceux qui choisissent de l’adopter, un symbole d’une autre manière de travailler, où le silence, la beauté et la reconnexion à soi sont enfin pris au sérieux.