Les Archiproducts Design Awards atteignent leur 10e édition et s’imposent, année après année, comme un repère solide pour comprendre ce qui se passe dans le design contemporain. Loin des grands prix qui cherchent un gagnant unique, les ADA fonctionnent comme un panorama. Ils mettent en avant les projets qui comptent dans la production internationale du moment.
On revient sur cette édition 2025 qui a réunit 247 lauréats dans des domaines très variés, du mobilier à l’éclairage, en passant par les revêtements, les équipements techniques ou les solutions pour le bâtiment. Et surtout, on vous propose notre sélection de 20 produits coup de coeur parmi tous les lauréats.
Que sont les Archiproducts Design Awards ?
Les Archiproducts Design Awards (ADA) ont été créés en 2016 pour mettre en lumière les projets les plus aboutis publiés sur Archiproducts, l’une des plateformes les plus utilisées par les marques, les designers et les architectes pour présenter leurs nouveautés. Contrairement à d’autres concours plus hiérarchisés, les ADA fonctionnent comme une sélection éditoriale à grande échelle. Les marques soumettent leurs produits, le jury analyse, puis retient les projets qui se distinguent par leur conception, leur usage, leur fabrication ou leur qualité expressive.
Le fonctionnement est volontairement simple : seuls les produits récents, mis sur le marché entre mi-2024 et fin 2025 et référencés sur Archiproducts, peuvent concourir. Le jury, composé de designers, d’architectes, de directeurs artistiques et de professionnels des médias spécialisés, évalue chaque projet selon des critères concrets : adéquation au contexte d’usage, pertinence des matériaux, maîtrise technique, cohérence de la forme, qualité d’exécution. Chaque lauréat reçoit ensuite le label ADA, utilisé par les marques pour valoriser publiquement la distinction.
L’intérêt du prix tient à cette logique cumulative. Plutôt qu’un podium, les ADA construisent année après année une photographie fidèle de ce qui se passe réellement dans le design industriel : les orientations, les tensions, les récurrences, les innovations discrètes ou ambitieuses. C’est ce qui en fait aujourd’hui un outil largement utilisé par les éditeurs, les architectes et les distributeurs pour comprendre ce qui circule dans le secteur.
Nos coups de cœur parmi les lauréats 2025
Difficile de choisir vingt projets parmi les 247 lauréats de cette 10e édition. La sélection qui suit n’a rien d’exhaustif et assume pleinement sa part de subjectivité. Ce sont des objets qui nous ont arrêtés, parfois amusés, souvent séduits par leur justesse, leur intelligence ou leur présence. Des pièces où l’esthétique rencontre l’usage sans forcer le trait. On vous laisse découvrir notre sélection.
Chaise H.H.H. – Kartell × Philippe Starck
Starck revient à un exercice qu’il connaît par cœur : créer une icône immédiatement lisible. H.H.H. fonctionne comme un signe avant d’être une assise. La silhouette est tendue, presque cérémonielle, avec un dossier qui étire la posture et un jeu de courbes nettes autour de la base. Kartell pousse ici ses matériaux recyclés vers un rendu très maîtrisé, entre brillance et tactilité. Une pièce qui résume bien la direction actuelle de la marque : des formes fortes, assumées, mais pensées pour durer.
Fauteuil sculptural Joker Throne – Stellantis Design Studio × Formitalia
Présenté au Salone 2025, le Joker Throne est un ovni dans la sélection. Fibres de verre, noir profond, éclats rouges, profil tendu : tout indique une pièce construite comme un manifeste. Le Stellantis Design Studio transpose ici des codes issus de l’automobile et du cinéma dans un meuble statutaire conçu avec Formitalia. Le résultat est volontairement théâtral, mais parfaitement exécuté, et montre comment le mobilier peut servir de terrain d’expérimentation aux studios industriels.
Chaise capitonnée Mezz’aria – Lago
Lago revisite le capitonné sans lourdeur. Mezz’aria combine une assise généreuse et un dossier qui respire, grâce à un rythme de coussins plus fins qu’à l’habitude. Le travail sur le tissu, très net, donne une impression de confort maîtrisé plutôt que voluptueux. Une chaise domestique qui a de la présence, sans jamais chercher l’effet.
Table d’appoint Roma – Kico
Roma est une pièce simple en apparence, mais qui joue subtilement avec son double plateau et ses proportions. La ligne est fine, presque minimale. Le piètement affirme un rythme vertical qui stabilise l’ensemble sans alourdir la composition. Une petite table d’appoint précise, rigoureuse, faite pour accompagner plutôt que s’imposer.
Buffet Socalco – Greenapple
Socalco montre le savoir-faire portugais dans sa version la plus contemporaine. Le travail des volumes, le jeu d’épaisseurs, la rigueur des portes affleurantes : tout est pensé au millimètre. Le buffet paraît simple, mais c’est un meuble construit sur une maîtrise artisanale assumée. Une pièce qui s’adresse clairement à un public professionnel attentif aux finitions.
Table à manger Riva – Cimento
Le cimento est un matériau exigeant. Cimento réussit pourtant une table étonnamment légère visuellement, avec un plateau long qui semble flotter au-dessus du piètement. Les teintes minérales renforcent l’impression de masse contenue. Riva a une présence calme, presque architecturale, qui fonctionne dans des intérieurs où la matière compte autant que la forme.
Meuble bar Pollock – altreforme
Un bar en aluminium anodisé n’a rien d’évident, mais altreforme en fait une pièce raffinée. Pollock exploite les possibilités du métal : précision, reflets, angles vifs, surfaces parfaitement tendues. Le résultat est presque sculptural. C’est du mobilier technique qui revendique sa technicité, mais avec une élégance rare.
Canapé Trench – Acerbis
Trench est l’un des meubles les plus sobres de la sélection, et c’est précisément ce qui lui donne de la force. Acerbis joue sur des accoudoirs profilés, une assise profonde et une ligne générale qui privilégie le confort sans sacrifier le dessin. C’est un canapé pensé pour durer, sans signature excessive.
Robinet Castiglioni – Mamoli
Un robinet peut sembler anodin, mais ici tout repose sur le geste. Mamoli s’appuie sur un design signé Castiglioni et le réinterprète avec une précision contemporaine. Les proportions sont parfaites, la poignée tombe au bon endroit, la finition est nette. Une petite leçon de design sanitaire.
WC suspendu Avant – Roca
Avant montre comment une typologie très fonctionnelle peut encore évoluer. Roca affine la silhouette, simplifie les lignes, intègre mieux les fixations. Le résultat est propre, compact, pensé pour des environnements publics ou résidentiels qui cherchent de la cohérence sans complication.
Cuisine intégrée Home Composit Unit 33 – neuvermoebelt
Une cuisine compacte qui mise sur la modularité. Le système joue avec les profondeurs, les modules, les contrastes de matière. C’est une proposition tournée vers les petits espaces, très bien pensée, qui répond aux nouvelles contraintes urbaines sans compromettre le confort d’usage.
Cabine acoustique Modular Meet 2×2 – Mute
Le bureau est aussi à l’honneur dans ADA 2025. Ici, Mute s’est imposé comme un acteur sérieux du bureau contemporain. Modular Meet 2×2 est une cabine partagée avec éclairage intégré, ventilation, acoustique maîtrisée et une finition intérieure soignée. C’est un outil précis pour le travail hybride, conçu pour durer, bien loin des cabines légères qui saturent encore le marché. Retrouvez tous les lauréats de la catégorie « Office » sur Working Life.
Suspension Agave – Barovier & Toso
Barovier & Toso signe ici une pièce sculptée dans l’esprit du verre vénitien traditionnel, mais avec une finesse contemporaine. La lumière traverse les feuilles de verre comme un faisceau botanique. C’est artisanal, précieux, et parfaitement contrôlé.
Suspension Cavea – Egoluce
Cavea propose un contraste intéressant entre la matière (aluminium) et la douceur de sa lumière. Les volumes sont simples, presque architecturaux, mais la diffusion lumineuse est enveloppante. Une pièce pensée pour les intérieurs sobres qui cherchent une présence discrète.
Lampe de table Teresa – Kartell
Kartell continue à explorer les possibilités du PMMA. Teresa joue sur la transparence, la couleur et un effet presque textile de la matière. C’est une lampe légère, expressive, qui s’intègre facilement dans des environnements très variés.
Suspension Cascade Long Pendant – Lladró
Lladró maîtrise la porcelaine comme peu d’acteurs. Cascade Long Pendant exploite cette matière pour créer une chute lumineuse délicate, faite d’éléments façonnés à la main. C’est un luminaire décoratif, assumé, qui joue sur l’accumulation plutôt que le geste unique.
Lampe de table Flowers in Wonderland – Multiforme
Une lampe portable en verre de Murano, ce n’est pas courant. Multiforme réussit à combiner savoir-faire verrier et mobilité avec une pièce généreuse, fleurie, légèrement excentrique mais très bien fabriquée.
Miroir sur pied Bamboo – Natevo
Bamboo ajoute un éclairage intégré sans alourdir le dessin du miroir. Les montants créent un cadre doux, légèrement texturé, qui donne de la profondeur à la lumière. C’est un objet fonctionnel mais élégant, pensé pour les chambres ou les espaces hôteliers.
Revêtement Glow Plus Moon – Ceramica Sant’Agostino
Glow Plus Moon reprend l’esthétique du terrazzo, mais avec une lecture beaucoup plus contrôlée que les versions traditionnelles. Les éclats minéraux sont calibrés, réguliers, presque graphiques, ce qui donne au revêtement une présence plus contemporaine que décorative. Le grès cérame apporte la stabilité et la finesse, tandis que le motif garde l’esprit de la terrasse vénitienne sans le côté chargé que l’on retrouve parfois dans le terrazzo classique. C’est un matériau précis, facile à travailler, et très adapté aux intérieurs qui cherchent une texture expressive mais maîtrisée.
Porte affleurante Exit Zero Fold – FerreroLegno
Exit Zero Fold propose une porte pliante affleurante qui disparaît presque dans le mur. Le système est précis, les mécanismes sont discrets, les proportions bien maîtrisées. Une réponse efficace aux contraintes architecturales d’aujourd’hui, notamment dans les espaces réduits.
Ce que montre la 10e édition : volume, diversité et nouvelles sensibilités
Ce que révèle cette 10e édition, c’est peut-être la chose la plus simple : le design contemporain n’avance pas uniquement par grandes ruptures. Il avance par une somme d’objets bien faits, bien pensés, bien exécutés. En parcourant les lauréats, on passe d’une suspension vénitienne à un buffet sculptural, d’un miroir avec éclairage intégré à une cabine acoustique, puis à un WC suspendu ou à une cuisine compacte. Rien d’étonnant dans cette diversité : c’est exactement cela, le paysage réel du design industriel aujourd’hui.
Les ADA 2025 ne cherchent pas le spectaculaire permanent. Ils montrent le beau, le fonctionnel, le précis. Des objets qui s’intègrent dans la vie sans forcément la bouleverser, mais qui témoignent d’un vrai travail de conception. C’est une vitrine de ce qui se fait, de ce qui s’améliore, de ce qui se stabilise aussi. Le prix reste partiellement biaisé car seules les marques référencées sur Archiproducts peuvent concourir, mais ce filtre donne justement une première lecture contemporaine intéressante, dans des catégories très différentes les unes des autres.
L’édition 2025 met aussi en lumière une sensibilité plus nette à la durabilité. Le Sustainability Award introduit une seconde sélection, consacrée aux matériaux recyclables ou biodégradables, aux procédés sobres et aux produits pensés pour réduire leur impact sur tout leur cycle de vie. Cette distinction ne change pas la nature du prix, mais elle signale une évolution réelle des attentes. On ne récompense plus seulement la forme ou l’usage, mais aussi l’effort de faire mieux avec moins.
Au final, ces ADA 2025 offrent un panorama très actuel : international, éclectique, ancré dans le quotidien, attentif aux détails. Une photographie utile pour comprendre ce que le design produit vraiment aujourd’hui, loin des manifestes et des effets de mode, et plus proche des objets qui finiront par accompagner durablement nos espaces.